Origine du Kama Sutra écrit par le prêtre Vâtsyâyana
Tout d’abord, l’ouvrage Kama Sutra aurait été publié entre le 3th avant J.C. et le 6th siècle après J.C. par Vâtsyâyana, un brahman c’est-à-dire un prêtre de rang élevé d’Inde du Nord. Le titre Kama Sutra est en sanskrit et signifie «Un texte normatif fait de séries ou de lignes de règles essentiels (Sutra) concernant le désir, l’amour, le plaisir et le sexe (Kama).».
Le livre Kama Sutra comprend en tout sept chapitres, dont celui sur les positions sexuelles qui ont été popularisé mondialement dans le monde moderne. Pourtant, l’idée générale du Kama Sutra n’était pas axée que sur les pratiques sexuelles. À la base, ce livre a été écrit pour guider les couples dans leur vie amoureuse à travers les différents stades de leur vie et n’avais aucune illustration.
Le contenu du Kama Sutra et son public cible
Le but du Kama Sutra est de faire en sorte que les lecteurs et lectrices puissent atteindre le dharma c’est-à-dire, dans l’idéologie du bouddhisme, la bonne direction ou son droit légitime. Les chapitres de livre abordent la sexualité, la séduction, le mariage, les difficultés relationnelles, les courtisanes, les drogues ou autre ajout pouvant améliorer les performances sexuelles.
En fait, le Kama Sutra enseigne le plaisir et le bien-être dans une relation et dans sa sexualité en véhiculant l’égalité de tous. C’est un ouvrage qui a été écrit pour un grand public donc autant pour les femmes, que pour les hommes, les couples, les personnes mariées ou qui recherchent à remplir leurs besoins et désirs d’affection moralement. Par contre, il est traité par les amants privilégiés et riches comme des princes et de hauts placés. Par exemple, le Kama Sutra répond à des questions comme : «Comment se réconcilier ? Comment se procurer du plaisir sexuel en l’absence d’un partenaire? Comment réussir son mariage?». On peut donc en dire que le Kama Sutra était une œuvre très avant-gardiste pour son époque.
Traduction du Kama Sutra en anglais et modifications de notions
Or, le Kama Sutra a été traduit en anglais en 1876 par Richard Francis Burton et celui-ci a décidé de répandre le manuscrit surtout à des hommes en coupant les notions du plaisir et respect du consentement. Selon Wendy Doniger, traductrice et spécialiste du Kama Sutra, Burton aurait privé les femmes volontairement du texte expliquant leur autonomie sexuelle.
Un exemple de traduction de la version originale du Kama Sutra est que « l’homme essaie de forcer la femme et de s’imposer à elle» pour démontrer le manque de consentement vers la version anglaise qui a été traduite par «quand un homme est pris dans les affres de la passion» venant justifier une agression sexuelle. D’ailleurs, les chapitres qui ont été traduits et popularisés étaient les lignes qui parlaient de positions sexuelles et sexualité seulement, laissant le reste de l’ouvrage à l’oubliette.
Place de la femme et Idéologies féministes : Kama Sutra d’origine
La place des femmes dans la Kama Sutra est mise de l’avant surtout dans le volet sexualité et courtisanes, dont les filles du roi. On peut observer le ton de l’écriture qui diffère entre les jeunes femmes vierges et les courtisanes dans les apports d’éducation à la sexualité du livre. Par exemple, le chapitre 3 guide les jeunes femmes pour se trouver un mari et avoir leur première relation sexuelle. D’un autre côté, un passage dicte que si les femmes sont prises de force par des hommes qui n’ont pas gagné leur confiance, elles en viennent à détester le sexe. Donc, selon Wendy Doniger, le Kama Sutra pouvait être vue comme une œuvre qui lutte contre les violences sexuelles envers les femmes.
Vâtsyâyana véhicule également dans son livre des idéologies féministes, pour l’époque, dictant que pour une femme l’acte sexuel ne sert pas seulement à faire des enfants. Aussi, il n’encourage pas les punitions aux femmes qui auront des relations sexuelles avec un autre homme que leur mari contrairement aux idéologies traditionnelles. L’auteur se questionne plutôt sur l’infidélité et les insatisfactions des femmes.
Par contre, Vâtsyâyana semble très traditionnel lorsqu’il parle des droits des hommes riches à avoir toutes les femmes qu’ils désirent et particulièrement celle qui ont un statut social inférieur à eux sans nécessairement avoir le consentement des femmes. On peut alors dire que ça contredit l’idéologie que le Kama Sutra lutte contre les violences sexuelles puisque ce passage encourage le harcèlement sexuel et la culture du viol.
Aussi, dans le Kama Sutra lorsque l’auteur aborde la position du missionnaire associé à la position de conception, Vâtsyâyana ne la place pas en priorité et indique que parfois la femme prendra la place de l’homme dans une position au dessus de lui. On dicte que ce changement de position est équivalent à un changement de rôle de genre ce qui est comparé aux relations homosexuelles.
Notion d‘homosexualité: Kama Sutra d’origine
Le Kama Sutra utilise le terme «troisième nature» pour parler d’homosexualité pour indiquer une «troisième forme de comportement sexuel et il désigne par un pronom féminin un homme de cette troisième nature». C’est d’ailleurs en lien avec cette catégorie que l’auteur décrira l’acte sexuel de la fellation avec plus de détails que toutes les autres. Dans ce passage, est apporté une catégorie de «troisième nature» avec un pronom masculin pratiquant la fellation, mais en compagnie de femmes également, ce que Wendy Doniger questionne comme étant une représentation bisexuelle.
Le Kama Sutra fait mention de l’homosexualité dite féminine et du plaisir solitaire des femmes également. Il parle de l’utilisation notamment de fruits et légumes ou des statuts de formes masculines phalliques pour des actes sexuels, mais aussi de pratiques sexuelles entre femmes.
Toutefois, le Kama Sutra indique que ces femmes auraient des relations sexuelles entre elles puisqu’aucun homme serait disponible ce qui invalide le concept de l’homosexualité et du désir sexuel des femmes entre elles. Par contre, l’auteur vient préciser que par moment une femme pourra choisir une partenaire sexuelle, une amie ou une servante avec qui elle pratiquera des activités sexuelles dans un environnement caché.
Sources:
- https://www.slate.fr/story/242429/kamasutra-histoire-oubliee-cinq-parties-positions-sexuelles-vivre-aimer-mariage-egalite
- https://croir.ulaval.ca/nouvelle/le-kamasutra-ou-une-anthropologie-du-citadin-aise-de-linde-ancienne/
- https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SH_284_0028#:~:text=Il%20est%20attribu%C3%A9%20%C3%A0%20un,et%20sexuel%20%C3%A0%20l’occasion.
- https://www.journaldesfemmes.fr/couple/conseils-sexo/2654275-kamasutra-livre/